Page:Buies - L'ancien et le futur Québec, 1876.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 20 —

J’ai mentionné plus haut que les Hospitalières étaient venues en Canada avec trois sœurs Ursulines sous la direction de Mme de la Peltrie. Ce fut en effet Mme de la Peltrie qui fonda le couvent où, depuis deux siècles, les jeunes Québecquoises reçoivent leur éducation. Quoique les Ursulines ne soient pas sur le parcours du boulevard projeté, j’ai cru néanmoins qu’il serait déplacé de passer sous silence cette vénérable institution, si chère à notre société, si intimement liée à la première histoire et à tous les développements de la colonie.

L’objet des Ursulines était d’instruire les filles des Indiens convertis aussi bien que les filles des Canadiens. Un fait qui vous donnera quelque idée de la pénurie de toutes choses où se trouvait alors la colonie, c’est, qu’à peine arrivée en Canada, Mme de la Peltrie fut obligée de se défaire de ses propres vêtements pour habiller les enfants pauvres ; on peut imaginer d’après cela quelle vie de privations les sœurs durent éprouver pendant la période qui suivit leur établissement. C’est en 1645 qu’elles complétèrent leur premier couvent. À cette époque, la rue St. Louis n’était qu’une trouée à travers la forêt, sans une seule maison, et s’appelait la Grande Allée. Parallèlement à la Grande Allée était une route étroite appelée le petit chemin, qui conduisait aussi dans la forêt et qui recevait une source coulant du cap jusque dans la rue des Jardins. En 1650, le couvent des Ursulines prit en feu, et les sœurs durent se réfugier chez Mme de la Peltrie, dont la maison était en face. Trente-six ans plus tard, en 1686, pendant la messe même de Ste. Ursule, un nouvel incendie détruisit tout l’édifice ; mais telle était l’utilité des Ursulines que tout le monde travailla à réparer le désastre ; c’est alors que les habitants de Trois Rivières, frappés d’un pareil témoignage, demandèrent à l’évêque de Québec, Mgr. de St. Valier,