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rable. Cette légende remonte au temps de l’intendant Bégon, un gaillard avec lequel il n’était pas bon d’être en désaccord. En 1712, un marchand considérable de Québec, Mr. Philibert, occupait une maison là même où s’élève aujourd’hui le bureau de poste. Ayant eu quelques démêlés avec Mr. Bégon, et désespérant d’obtenir justice d’un homme qui avait sur lui tous les avantages de la position et des ressources, il s’en vengea en faisant sculpter un chien rongeant patiemment un os en attendant que son jour arrive. Parfaitement édifié sur le sens de cette légende, l’intendant ne craignit pas, pour avoir raison d’un homme qui le gênaît et le bravait presque, de le faire assassiner par un officier de la garnison. Cet assassinat eut lieu dans la côte de la Montagne, et le meurtrier dût prendre la fuite. Il se sauva jusqu’aux Indes, mais ce n’était pas encore assez loin pour échapper au bras d’un frère de Mr. Philibert qui, ayant enfin découvert le criminel, le provoqua à se battre avec lui et le tua sur place à l’autre bout du monde.

Quelques pas plus haut que le bureau de poste est l’ancien hôtel du gouvernement, où divers bureaux sont maintenant installés. Cet édifice fut construit en 1803 et destiné d’abord à être un hôtel pour recevoir les voyageurs. Il ne servit pas longtemps à cet usage et fut acheté à l’enchère par le juge-en-chef de la province qui le loua au gouvernement pour y mettre les bureaux publics ; c’est aussi là que s’est réunie longtemps la société historique de Québec, fondée en 1824 par lord Dalhousie qui lui fit présent d’une belle collection de minéraux et de sujets d’histoire naturelle.

En suivant le boulevard, le long de la plateforme, jetons un coup-d’œil sur les murs carbonisés du palais de justice qui fut construit en 1804, et qui, déjà à cette époque, était jugé trop petit pour remplir convenablement son objet. Mais il n’était pas encore assez petit pour échapper au terrible fléau