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rite à vingt ans, et comment la glorieuse victoire de Mentana fut remportée par le fusil Chassepot béni pour tuer les hommes.

Ce qui me bouleverse, ce qui m’horripile, ce qui me met tout à l’envers, c’est qu’il existe une classe d’hommes qui se soit donné pour mission de dégrader et d’abrutir leurs semblables, qui ait le courage de poursuivre ce but, qui s’en fasse gloire, et qui exerce avec passion ce monopole qu’il suffit de nommer pour faire frémir, l’ignorance des peuples.

Chez toutes les nations, un groupe d’hommes s’est formé pour le malheur des autres, qui s’est dit le dépositaire de la vérité, le sanctuaire de la science. Aucun mortel ne pouvait franchir la porte du temple mystérieux ; l’ignorance, nuit épaisse, enveloppait les peuples agenouillés. Les prêtres riaient et priaient ; ils offraient de nombreux sacrifices, mais jamais d’eux-mêmes, ni de ce qui leur appartenait. Tout à coup un rayon de soleil éclate sur le front de la multitude ; la voix d’un mortel audacieux s’est fait entendre, il a déchiré le voile, le temple s’écroule, les dieux séculaires tombent mutilés sur leurs autels en ruines, et le mystère apparaît dans toute sa nudité abjecte, amas de supercheries et de monstruosités.

Mais à quoi cela a-t-il servi ? une erreur détruite en fait naître deux autres ; la mort est une mère féconde qui enfante parmi les ruines. À une imposture dévoilée succèdent d’autres impostures, d’autres mensonges, d’autres dupes : l’homme ne se lasse point de tromper ou d’être trompé.

Cependant l’arbre de la science émerge lentement des vapeurs épaissies sur les mondes ; il se dilate dans une atmosphère plus propice… Enfant des siècles, devra-t-il longtemps grandir ? Dernier venu sur la scène vieillie du globe, que lui réserve l’avenir ? Ira-t-il rejoindre les débris du temps ? Non, car ce n’est pas l’homme qui l’a semé. Éternel, il a ses racines partout : seulement, il vient à peine de secouer sur la terre quelques gouttes de sa rosée immortelle, et ces quelques gouttes, plus fécondes que toutes les philosophies entassées, étalage puéril d’impuissance, vaines recherches dans une nuit obscurcie encore par l’orgueil, ont suffi pour faire naître d’impérissables germes.

On verra par les allocations suivantes, retranchées par la révolution du budget de l’Espagne, que le clergé de ce pays, s’il faisait maigre le vendredi, avait de quoi faire gras les autres jours.


Cesantias, pensions de toutes sortes. Réaux 
163,500,570
Obligations ecclésiastiques 
180,126,570
Pensions aux décloîtrés 
10,385,265
Fabrique de Saint-Pierre et Saint-Jean-de-Latran 
337,690
Nonce de Sa Sainteté 
220,000

Nonce de Sa SaintetéTotal 
354,521,809
Nonce de SaSoit 
$480,000