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enlevés. C’est nous qui la faisons corrompue pour ne pas vouloir la faire libre, et qui, pour demeurer les maîtres, nous condamnons à être des dupes.

Que la femme reste légère ; il le faut pour compenser la lourdeur de l’homme. Mais que cette légèreté soit celle de l’esprit, de la grâce, du goût, le côté qui nous complète, la nuance qui harmonise, le coloris du dessin, l’éclat de nos qualités, le rayon sur le fond sombre et dur.

Pour être tout cela, la femme doit être notre égale.

Mais elle ne le sera qu’en recevant notre éducation ; qui veut la fin veut les moyens.

Pourquoi voit-on tant de femmes sottes, ennuyées, livrées aux puérilités, aux vanités ridicules, entretenant en nous le goût des enfantillages, des fadeurs, des niaiseries… etc… ? C’est parce qu’elles sont ignorantes.

« L’ignorance d’une fille est cause qu’elle s’ennuie et qu’elle ne sait à quoi s’occuper innocemment, » a dit Fénelon.

Pourquoi, dans le Canada particulièrement, avons-nous si peu d’idées, de connaissances ? sommes-nous bien en arrière de la civilisation moderne ? ignorons-nous les arts, les lettres ? restons-nous ébahis, hébétés, en présence d’étrangers qui, pour nous être souvent inférieurs, nous dominent cependant par la possession de ce fonds de connaissances vulgaires, par cette culture élémentaire, commune aux autres peuples ?

C’est parce qu’on s’est servi de la femme ignorante pour étouffer l’indépendance de l’esprit, mettre le trouble dans les familles, arrêter l’homme par l’effroi des menaces de l’église et le condamner, pour avoir la paix, à n’être qu’un esclave.

C’est la femme ignorante de France qui a fait la réaction contre les principes de 89. C’est grâce à elle que l’ultramontanisme et la superstition ont rendu en France le despotisme facile.

Avoir les femmes, c’est avoir le secret du pouvoir.

Les hommes éclairés l’ont bien senti, et ils ont institué les écoles secondaires de femmes, pour empêcher la France de devenir un cadavre.

L’homme ne sera libre que lorsque la femme sera émancipée.

J’apprends à l’instant que messire Lamarche va établir son confessionnal au bureau du Nouveau-Monde.

Les âmes timorées, qui s’y rendront faire leur mea culpa, n’auront l’absolution qu’à la condition de s’abonner à son journal.