Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163


LA LANTERNE


No 13




Le Nouveau-Monde publiait l’autre jour le fait suivant et en tirait gloire :

Nous devons à l’obligeance d’un excellent prêtre français la communication de la lettre qu’on va lire. Admis à l’audience, il a déposé dans les mains du Pape l’offrande modeste d’une ouvrière d’A… mais il n’a pas osé lire la lettre et encore moins faire la demande naïve qui la termine. Nous, nous osons, parce que nous savons l’ineffable bonté de Pie ix.

L’offrande était de cinq francs pris sur le pain de chaque jour. La lettre exprime des sentiments d’une pureté sainte et d’un élan sublime. Nous n’y ajoutons ni n’en retranchons rien :

« Vive Jésus dans tous les cœurs !

Ô Rome, Rome, que ne puis-je, moi aussi, aller vers toi !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Catholiques sans esprit comme sans foi vive, que faites-vous donc ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et moi, enchantée par la faiblesse de mon sexe, obligée de soutenir par mon travail une mère chérie, je suis . Mais fallait-il vendre mon dernier vêtement ou me priver de la moitié de mon pain, toujours j’enverrai à Rome mon très faible tribut de dévouement et d’amour… »

D’un autre côté, je lis dans une correspondance adressée de Rome à l’Univers :

« On rapporte que Pie ix, recevant avant hier une somme d’argent qui provenait d’un diocèse de l’Italie où la population a souffert les ravages de l’inondation, s’est montré très ému. Il a dit que son cœur était navré à la pensée que ses chers enfants étaient eux-mêmes dans l’affliction.

« Hélas ! a-t-il ajouté, pourquoi faut-il que je ne puisse rien leur donner ? »

Et, ce disant, il empochait leur argent.