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Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/196

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corps et âme aux Jésuites du Canada, ceux-ci l’exposent aux curieux, lorsqu’ils officient dans leur église de la rue Bleury.

Ô Christ, ami des pauvres, des déshérités et des accablés de ce monde, où es-tu ?

Te vit-on jamais sur un trône ou sous un dais royal ?

Quelle autre couronne eus-tu jamais que celle des épines qui ensanglantèrent ton front ?

Les grands, la pompe et les spectacles, tu les fuyais. Mais tu relevais sur ta route l’humble écrasé par le sort, tu le consolais en lui montrant les cieux et tu lui donnais l’espérance, seul trésor des infortunés.

Vois aujourd’hui ton représentant qui s’intitule évêque par ta grâce, qui met la croix à côté de ses trésors, reçoit cent coups d’encens à la minute, et montre aux autres ton Calvaire en s’enivrant de splendeurs.

J’ai enfin trouvé un adversaire qui discute avec moi d’une façon sérieuse et digne. Il est vrai qu’il m’a assommé du coup. Mais qu’importe ! J’ai l’âpre plaisir de voir qu’on a gardé pour moi les plus gros traits, les coups décisifs.

Voici ce que dit la Gazette des Campagnes, journal d’agriculture :

« On vient de nous passer un numéro de la salle et dégoûtante guenille de M. Buies, guenille qui a nom La Lanterne, quoiqu’elle n’ait pas reçu le baptême. M. Buies fait de gigantesques efforts pour effacer en lui le signe sacré et indélébile que lui a imprimé ce sacrement, à l’influence duquel il a soustrait sa progéniture. (Progéniture est employé ici au point de vue agricole.) Ce qu’il ambitionne passionnément, c’est de devenir tout à fait semblable à la brute ; en conséquence de ses goûts dépravés, il tente de salir de sa bave immonde ceux qui aspirent à ressembler aux anges, (comme M. l’abbé Pilote, directeur de la ferme-modèle de Sainte-Anne, qui fait des voyages angéliques au compte de la Chambre d’Agriculture dont il n’a jamais été membre.) Que M. Buies prenne patience : s’il a quelque jour la bonne fortune de tomber à quatre pattes, il gardera cette position qu’il affectionne tant. (Je n’ai jamais eu de goût particulier pour le quadrupède, et j’aime autant le directeur de la ferme-modèle que n’importe quelle bête à cornes.) Rien ne saurait nous surprendre dans les faits et gestes de M. Buies : c’est une tête sans cervelle ; il a été rebelle à toute bonne éducation. »

Ceux qui n’ont pas saisi toute la profondeur de ces arguments auront sans doute lu à la légère.