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ordres de l’évêque de Montréal, M. Chauveau a appris à faire croire qu’il y avait des écoles dans le Bas-Canada. Ainsi, toutes les fois qu’il voulait parler d’une sacristie, M. Chauveau se servait invariablement du terme « école publique. »

Aujourd’hui, M. Joly lui ayant demandé quel serait le salaire des commissaires du service civil, l’Hon. premier a répondu sans embarras « qu’il n’y aurait pas de salaire, mais une indemnité qui devra être fixée. »

Devra être fixée est au futur, comme le couronnement de l’édifice en France.

Mais pour que l’indemnité promise ne soit pas une vaine illusion, on commencera par payer les commissaires fastueusement, puis on fixera le montant qu’ils devront recevoir.

M. Dunkin, quoique malade, trouve dans son patriotisme la force de demander que le chapitre des dépenses ne figure pas dans le budget.

Un assentiment respectueux accueille cette proposition digne de tous les éloges.

M. Dunkin présente alors le chapitre des recettes qui paraît très satisfaisant.

On dit que M. Dunkin, ne voulant pas priver plus longtemps le pays de ses services, consent à recouvrer la santé.

Le président du Sénat fédéral, M. Cauchon, propose alors l’ajournement.

Un murmure flatteur parcourt l’auditoire, et la chambre s’évapore.

M. Chapleau, voulant faire une démonstration contre le gouvernement, sort le dernier en passant la main dans ses longs cheveux d’ébène.

Une dépêche télégraphique annonce qu’un membre du clergé a perdu son cheval et sa voiture dans la dernière tempête de neige.

Contraint de se rendre à son presbytère à pied, le lendemain il refusait l’absolution à tous ses pénitents qui ne lui apportaient pas un louis pour s’acheter un nouvel attelage.

On dit qu’il a aujourd’hui deux chevaux et que soixante familles de sa paroisse sont parties depuis lors pour les États-Unis.

Cet heureux résultat a exalté outre mesure le pauvre curé qui attend avec impatience la prochaine tempête où il pourra perdre ses deux chevaux, pour en avoir quatre huit jours après.