Vous qui m’écoutez, jeunes gens de Montréal, sachez être les maîtres de vos destinées. Enlevez la place d’assaut, dûssiez-vous pour cela vous rendre jusqu’à New-York, comme cela vient d’arriver, et vous aurez étouffé dans sa boue l’intrigue acharnée à vous perdre.
Il ne faut plus que ce soient les commères qui dirigent notre monde, il faut que ce soient vous.
Arrivez, et changez la face d’un peuple trop longtemps abruti.
Devant vous s’effacent deux générations, la plus vieille dans son ineptie dévotieuse qui a fait le blocus des idées, l’autre dans son impuissance.
Elles s’effacent lentement, il est vrai, mais leurs traditions s’effacent plus vite. Dans une société jeune, les idées coulent comme un flot dès qu’elles ont pu trouver leur lit.
Je vois l’avenir plein de riantes promesses, sortons une fois de l’ornière, et nous aurons bientôt gravi les pentes.
Le tout est d’oser. C’est difficile, je le sais : vous arrivez sur une scène où vous ne trouvez que des exemples de faiblesse et qu’une tradition politique, la plus funeste de toutes, la génératrice de tous les avortements, celle du juste milieu, du compromis.
Ménager la chèvre et le chou, tel est l’axiôme que vous laisse une école de politiqueurs expirant sous les coups d’une autre école qui, elle, ne ménageait rien, qui a tué la chèvre, et pris le chou.