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L’erreur est toujours à côté de la vérité, comme un défi ou une menace. C’est ainsi que, dans les États les plus catholiques, la révolution est en permanence à côté de l’ordre établi.

En Espagne, dans le Pérou, dans l’Équateur, dans le Vénézuela, dans l’Amérique Centrale, on est toujours à couteaux tirés.

Je veux bien croire qu’il en est ainsi pour que l’étincelle jaillisse. Mais il faudrait ne pas être exclusif et convier un peu les protestants à s’entre-égorger de temps à autre, pour qu’il leur arrive aussi à eux quelques éclairs de vérité.

Ces gens-là s’amusent trop à raisonner, ça les embrouille. Si l’Angleterre et les États-Unis étaient comme l’Espagne où l’on enseigne encore, entre autres vérités, que c’est le soleil qui tourne autour de la terre, ils sortiraient vite de cette tranquillité funeste qui donne libre jeu à la science et à la raison, choses damnables.

Je reçois à l’instant la lettre suivante que je m’empresse de publier.

« Monsieur,

Comme vous avez été le premier à annoncer dans la Lanterne l’établissement d’une parfumerie religieuse, je me hâte de vous faire savoir que je dois avant peu commencer une exploitation de ce genre, afin d’augmenter le nombre des bonnes œuvres instituées à Montréal, mais dont les bénéfices s’évaporent toujours mystérieusement, sans qu’on sache qui les retire.

Pour mériter l’encouragement que je sollicite, je déclare que tous les profits réalisés par moi seront employés au recrutement de l’armée pontificale, attendu, comme dit l’Univers, que

Si Pie 9 avait de l’argent et voulait simplement ouvrir les yeux sur les désertions italiennes, il ne tarderait pas à avoir à son service la majeure partie des troupes de Victor-Emmanuel.

« Voici quelques uns des articles que j’offrirai d’abord en vente pour faire voir la sainteté de mes motifs.

Protoxide de remords pour prévenir l’impénitence finale ;

Pilules anti-schismatiques pour empêcher les apostasies ;

Extraits de mandements pour guérir de la manie des théâtres ;

Poudre d’Amalfi pour arrêter les incursions des buffles impies dans les capitales ;

« Vous avez pu voir, M. le rédacteur, que le Nouveau-Monde a retiré son annonce de la pharmacie spirituelle depuis que vous en avez parlé. Je n’ai donc plus à craindre de concurrence. La raison en est sans doute que cette pharmacie n’étant qu’une pharmacie de poche, était établie sur un trop petit pied pour réussir. La mienne échappera à cet inconvénient par l’extension que je lui donne.

J’ose compter, monsieur, que vous voudrez bien en favoriser l’établissement. »

Je ne saurais trop féliciter cet honnête industriel de la résolution qu’il a prise. Son projet répond à un des grands besoins de notre époque. On avait bien jusqu’à présent toute espèce d’excellents