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Ils ne voulurent jamais monter aux salles de séance et de lecture, quelque offre séduisante qui leur fût faite.

Il me vint alors cette idée.

Le bas de l’Institut n’est pas excommunié ; il n’y a que le haut qui le soit. C’est illogique, car le ciel est en haut et l’enfer en bas.

Mais ceci démontre la différence qu’il y a entre les édifices et les individus. Ceux-ci généralement sont excommuniés jusqu’à la troisième et la quatrième génération ; les édifices ne le sont même pas jusqu’au deuxième étage.

Cette visite va créer une zizanie parmi les membres de l’Institut. Ceux qui ne sont pas des scélérats fieffés comme moi, endurcis dans le crime, voudront tenir les séances dans la cave ; les autres voudront mordicus les continuer où elles se tiennent déjà.

L’Institut-Canadien-Français interviendra alors, depuis le temps qu’il en a envie, et proposera le grenier. Altius tendimus ! C’est lui qui se trouvera à réaliser la devise de l’Institut.

Quel pas de géant pour un enfant !

Un correspondant de l’Ordre qui signe D, lui écrit que « j’attaque tout ce qui a nom, comme la vertu, l’autorité et le reste. »

Je n’ai pas encore trouvé le moyen d’attaquer ce qui n’a pas de nom, à moins que ce ne soit le correspondant de l’Ordre, mais je n’en ferai rien.

Le clergé canadien est en faveur de l’annexion, mais il ne le dit pas ouvertement, voilà tout.

Toutes les fois qu’un mariage a lieu, on voit de suite les conjoints — selon l’heureuse et fidèle expression — s’envoler à tire d’aile aux États-Unis.

Or il est d’usage, avant de se marier, d’aller à confesse, et là, d’entendre son confesseur donner des détails très précis sur la manière de faire une foule de choses après le mariage.

La première de ces choses que l’on fait, à peine la fidélité jurée de part et d’autre, étant un voyage aux États-Unis, j’en conclus que le clergé est annexionniste, et que, n’osant le dire publiquement, il prend sa revanche dans le confessionnal.

Quand on doit aux Jésuites, ils sont tous et chacun autorisés à retirer leur créance.

Quand ils vous doivent, on ne sait à qui s’adresser. On n’en trouve aucun.

Je ne dis pas qu’ils ne paient point leurs dettes ; mais ils n’y mettent pas d’entrain.