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Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/64

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Je ne sais pas jusqu’à quel point c’est un don que de se voir couler du sang des pieds et des mains pendant toute une journée, ni en quoi cela peut être utile aux hommes.

Quand on invente de jolies petites histoires comme celle-là, pour les idiots et les congréganistes, il faut avoir soin de les rendre inattaquables.

Il faut que les médecins qui ont pris la peine d’aller voir cette jeune fille, sans esprit de parti ni autre, soient de fiers crétins, s’ils existent.

Comment ! ils n’ont pas su expliquer pourquoi ce sang coulait ainsi tous les vendredis abondamment du côté et des pieds de Louise, sans qu’elle en soit morte au bout de deux heures, comme toute personne raisonnable l’aurait fait, suivant les lois de la nature !

Eh bien ! je vais vous l’expliquer, moi qui ne suis ni médecin, ni évêque, et par conséquent ni charlatan ni inspiré ; c’est que cette jeune Louise est… mais c’est qu’elle est… excessivement sanguine !

Faites des miracles maintenant. Je me charge de les expliquer tous.

Le Dr. Lacerte l’a emporté sur Gérin-Lajoie dans l’élection de St-Maurice.

Si j’avais la perspicacité du Nouveau-Monde, je dirais que j’avais parfaitement prévu ce résultat. J’en ai prévu bien d’autres et j’en prévois encore, tant qu’on n’aura pas remis le clergé à sa place.

Voici comment l’Événement, sorti des gonds, s’exprime à ce sujet :

Cette élection s’est résolue en une question d’argent. Le Dr. Lacerte l’a emporté parce qu’il a dépensé dix fois plus que M. Gérin.

Voilà à quel degré d’abaissement moral en est arrivé le corps électoral en Canada. Point d’esprit révolutionnaire, c’est vrai ; mais aussi peu ou point d’intelligence politique, l’amour du gain, la soif du whisky.

Puis, derrière les électeurs qui se saoulent, des journaux, comme le Journal de Trois-Rivières, qui leur versent à boire et bénissent l’orgie.

Qu’il vienne, non pas un ambitieux revêtu de quelque gloire, mais des banquiers étrangers, des spéculateurs qui veulent acheter nos droits et trafiquer de nos libertés, et ce peuple est mûr pour l’encan. On le conduira au comptoir.

Bah ! est-ce que vous ne faites que vous en apercevoir ?

Et la Minerve :

« La défaite de M. Gérin ne doit surprendre personne. Notre ami avait à lutter contre tous les préjugés les plus en vogue en pareille circonstance ; il est même étonnant qu’il ait fallu, pour obtenir contre lui une centaine de voix de majorité, des sommes qui étonneraient, s’il était permis au public d’en faire l’addition.

Mais si le résultat de cette lutte électorale est pour nous un sujet de regret, il nous est encore plus pénible d’avoir à constater que des principes faux, dangereux, très-impolitiques ont égaré des hommes qui ne devraient pas être exposés à de pareils errements.

Les jeunes gens sont les premiers au travail, doit-on les renvoyer au dernier rang quand il s’agit de titres à conférer, de charges à partager ? On leur dit d’attendre. Attendre quoi ? que toutes les nullités soient passées avant eux ? Alors ils ne vivront pas assez vieux pour avoir leur tour.

La jeunesse passe pour être très-confiante ; elle n’est pas souvent de force à lutter d’astuce et d’habileté, mais son courage et sa franchise peuvent être de terribles armes, et le parti qui s’aliénera la jeunesse aura certainement un côté faible. »

Ah, ah ! jeunes gens, vous y voilà donc !

Depuis votre sortie du collége, vous demandez aux prêtres leur appui, vous leur avez offert votre talent, vous leur avez livré tout ce