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DE LA MATAPÉDIA

rivière Métis, la pittoresque et gracieuse paroisse de Sainte-Angèle, qui est le joyau de cette contrée et qui doit à sa position géographique d’être comme un centre d’où la colonisation rayonne dans toutes les directions. Sainte-Angèle, en effet, située sur la rivière Métis, à sept milles d’une station de l’Intercolonial, celle de Ste-Flavie, s’ouvre, d’un côté, sur le chemin Matapédia, qui va de Sainte-Flavie à la Baie des Chaleurs, et de l’autre, sur un chemin nouveau, ouvert il y a cinq ans, qui suit le cours de la rivière Métis et aboutit au grand lac de ce nom, vingt-et-un milles plus loin. Partout le sol est couvert d’une riche moisson ; les épis sont longs et chargés de grains ; les champs d’avoine et de blé rivalisent avec les prairies couvertes de foin, et l’on reste étonné de ce spectacle dans un endroit où l’on croyait naturellement que la civilisation avait à peine pénétré.

Qu’on se détrompe. Cette paroisse, toute jeune encore de Sainte-Angèle, a été fondée par un noyau des hommes les plus actifs et les plus énergiques des paroisses riveraines du Saint-Laurent. Plutôt que d’émigrer aux États-Unis, ces vaillants résolurent de tout essayer d’abord sur le sol de leurs pères, et ils se sont enfoncés hardiment dans le cœur de l’épaisse forêt. Aussi n’ont-ils pas tardé à fonder un établissement prospère. Il n’y a pas moins d’une quarantaine de « moissonneuses » en usage aujourd’hui dans Sainte-Angèle, sans compter les autres instruments aratoires, et cela parmi une population qui, il y a trente-cinq ans à peine, lors de son arrivée sur les lieux, était sans ressources aucunes et dispersée çà et là, au choix de ses membres, sur les bords de la rivière Métis.