Page:Buies - Le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, 1880.djvu/10

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dans son sein par une décomposition due au travail uniforme des siècles ; gonflée par des trésors qu’elle est impatiente de garder, maintenant qu’elle a senti seulement le soc de la charrue ; s’offrant à nous, nous conviant, nous surtout, fils des français d’autrefois, à aller y fonder un asile impérissable pour notre nationalité ; nous appelant par les cent mille échos des montagnes qui l’entourent dans un vaste cadre comme pour lui laisser l’espace, un champ libre à son développement, et pour que nous allions y planter des tentes sans nombre, bientôt converties en demeures heureuses et prospères. Elle nous dit que tout ce sol est à nous, que cette richesse, nous n’avons qu’à la prendre, que c’est là notre droit d’aînesse, à nous Canadiens français, seuls défricheurs assez courageux pour attaquer de front la muraille hérissée et flottante des forêts ; elle nous dit que ce sol est notre héritage sans conteste, qu’il est là sous notre main, à la portée de chacun de nous, et de ne pas lui préférer, comme nous le faisons depuis trois quarts de siècle, le sol ou le pain de l’étranger, parce que nous l’avons cru plus aisé à entamer, plus généreux que le nôtre… Elle dit aux