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dans ces moments-là, le père Alexis Tremblay, « ô mes enfants, T’as qu’à voir, on se ruine. »

Enfin, vint le jour où des vingt-et-un associés et de leurs co-associés il n’y en eut plus un qui pût faire quelque chose pour M. Price de qui ils recevaient des effets et des provisions, en sorte que celui-ci finit par acheter tout ce qui restait d’actions appartenant à la société pour la somme de $28,000, somme que les actionnaires se divisèrent entre eux.

C’est à la suite de cette opération que le père Alexis Tremblay, picoté, fut invité à diner chez M. Price. Le pauvre bonhomme n’avait jamais vu de garçons de table, des waiters, comme on dit en canadien moderne. En les voyant se passer les plats de la main à la main et courir d’une assiette à l’autre : « mais ils ne veulent donc pas s’asseoir, ces pauvres messieurs, s’écria-t-il, ça ne fait que trotter tout le temps. » Ce trait d’honorable bonhomie fait voir l’excellente âme de ce brave vieux qui, le premier, montra la route aux travailleurs du Saguenay. — Laissons-le lui comme épitaphe.

Il est devenu indispensable, au point où nous en sommes arrivé de l’histoire des premiers établissements tentés au Saguenay, de placer une courte notice biographique sur l’homme remarquable qui a, le premier, entrepris en grand l’exploitation de nos forêts et fondé, sur une vaste échelle, l’industrie qui est devenue la plus importante de la province, qui