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poids du temps, la vieille chapelle de la mission érigée par le père Laure en 1727. Elle avait vingt-cinq pieds de long sur quinze de large, et était bâtie sur une éminence dominant le bassin qui se trouve au pied de la chute de la rivière Chicoutimi. C’était une relique pleine de touchants souvenirs. Les étrangers qui débarquaient à Chicoutimi s’empressaient d’aller la contempler, et ceux qui connaissaient quelque chose des anciennes missions du Canada, quelles que fussent leurs croyances religieuses, n’oubliaient pas de mettre dans leurs sacs de voyage quelques fragments de pierre ou autres objets appartenant à la chapelle, afin d’en conserver la mémoire. La pierre tumulaire du père Coquart, mort à Chicoutimi en 1771, n’existait plus qu’en morceaux sur lesquels on distinguait encore quelques inscriptions latines. Les capitaines de navires se montraient avides de recueillir ces débris d’une époque pourtant récente et qui semblait déjà ancienne. Les registres, les livres d’église, les tableaux, les pierres gravées ont été perdus, abandonnés sans souci dans la chapelle ouverte à tout le monde. Cette chapelle contenait en outre une précieuse argenterie que les Oblats ont emportée, se croyant le droit de le faire, vu qu’ils avaient succédé aux Jésuites dans les missions du Saguenay ; mais cet acte a soulevé contre eux de vives protestations. À Tadoussac, où ils essayèrent de le répéter, les habitants faillirent faire une émeute.