dans un mouvement précipité de retraite ; ils ont l’attitude de sentinelles placées abruptement sur une ligne brisée et attendant quelque cataclysme nouveau qui les relève de leur consigne. La ligne des îlots franchie, la grande Décharge apparaît dans toute sa largeur qui est d’environ un demi mille, et sur ses rives on distingue çà et là quelques morceaux de terre cultivée où de rares colons ont construit leurs loghouses. C’est ici qu’était l’endroit le moins élevé de l’ancien lit du lac Saint-Jean, et les rivières du nord, qui lui apportaient le tribut de leurs eaux, y ont été naturellement amenées, lorsque le Lac s’est précipité dans la crevasse subitement entr’ouverte par le cataclysme auquel on suppose que la rivière Saguenay doit son origine. Avec le temps la Décharge s’est creusée, et en se creusant, elle a lavé complètement les rochers qui se trouvaient sur son cours jusqu’à Terre Rompue. Elle avait d’abord passé toute large et couvrant tous les sommets ; mais, en se creusant, elle s’est rétrécie et, par suite, a abandonné sur place une partie des terres d’alluvion qui ceinturaient les rochers ; la crête de ces rochers est restée complètement nue et est devenue lisse sous l’action continue du débordement des eaux.
Tout le long de la côte de l’île d’Alma qui sépare les deux décharges se trouvent encore bon nombre d’autres îlots semblables à ceux que nous venons de passer. Cette île, longue d’environ cinq milles et