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seconder, d’aider une pareille population de tous les moyens en son pouvoir, et nous ne saurions jamais trop appuyer là-dessus.

« Pourquoi restes-tu ici ? » disait l’auteur de ce livre à un enfant de cinq ans dont la famille habitait une misérable loghouse près de la petite Décharge. « Parce que je vois le Lac, » répondit-il. Ce que contient cette simple réponse, qui ne le sent ? Le Lac ! Le Lac ! voilà le nom qu’on entend retentir par dessus tous les autres dès qu’on met le pied sur le territoire du Saguenay. Le Lac est le desideratum de tous ceux qui sont établis là où ils ne peuvent le voir ; aussi ne doit-on pas s’étonner de ce que de nombreuses familles pauvres, des paroisses du Saguenay qui ne peuvent plus prendre d’extension, préfèrent se diriger vers les rives du Lac que d’émigrer aux États-Unis, comme le font les habitants des anciennes paroisses situées sur le Saint-Laurent. Quel argument pourrions-nous faire valoir de comparable à cette impulsion spontanée ? Quelles considérations émettre en faveur de la colonisation de la belle vallée du Lac que cette seule parole d’enfant ne jette dans l’ombre et ne domine ? Aussi, n’ajoutons pas un mot : mais colonisons, colonisons le Lac Saint-Jean, afin qu’un jour des milliers et des milliers d’enfants qui auront été transportés et retenus près de ses rives par nos efforts, puissent nous remercier de leur avoir conservé une aussi chère patrie.