Page:Buies - Le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, 1880.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 273 —

ment un rivage variant entre dix et vingt pieds de hauteur. Au-dessus de ces couches d’argile ou de terre glaise, si l’on préfère les appeler ainsi, est venu s’étendre petit à petit un épais dépôt de sable entraîné par la rivière, depuis son ancienne embouchure jusque sur les rives actuelles, et il s’y est tellement accumulé qu’il a fini par former un véritable petit coteau ondulant au-dessus de sa base d’argile et se couvrant en maint endroit d’une riche végétation.

Un mouvement curieux à suivre, c’est celui du sable, disons plutôt la marche du sable dans les rivières qui aboutissent au lac Saint-Jean et dans le lac lui-même. Ces rivières sont généralement basses. Aux grandes eaux du printemps, elles charroient dans le Lac le sable de leurs battures qui coule comme de l’eau, et voilà pourquoi le Lac s’emplit graduellement chaque année. Ce sable vient des hauteurs. S’il y avait du courant dans les rivières, elles charrieraient le sable bien avant dans le Lac au lieu d’en laisser la plus grande partie dans le voisinage de leurs embouchures qui, à cause de cela, se rétrécissent de plus en plus. À l’est du Lac, les rivières Grandmont, Belle-Rivière et Kushpeganiche nous présentent à cet égard un spectacle curieux. Elles changent de chenal tous les ans ; pourquoi ? Parce que les hautes eaux du printemps, inondant le chenal où elles coulent et le vent poussant le sable dedans, il leur faut se frayer un passage à côté, et quelquefois assez loin de lui.