Page:Buies - Le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, 1880.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 289 —

rien dire, tandis qu’autrement, le plus grand nombre d’entre eux laissent leurs enfants sans livres etc… et ne s’en occupent plus.

« Un autre obstacle, qui nuit aussi le plus au bon fonctionnement des écoles, et déjà signalé bien des fois par mes collègues, est le manque d’assiduité des enfants aux classes. Le besoin qu’un certain nombre de parents ont de leurs enfants pour les travaux agricoles, et l’indifférence chez un grand nombre d’entre eux, jointe au manque de moyens, font que les absences des élèves sont trop fréquentes. Cette année (1879,) une cause importante des absences a été la rougeole qui a sévi d’une manière alarmante sur les enfants dans mon district d’inspection.

« J’ai eu la satisfaction de constater, cette année, des progrès marquants dans la lecture courante et surtout raisonnée. Ce bon résultat est dû à l’introduction des livres de M. Montpetit, qui sont en usage dans toutes les écoles de mon district, à l’exception de la municipalité scolaire de la paroisse de Saint-Alphonse, qui n’en a pas encore pourvu ses écoles. Rien de surprenant à cela ; les commissaires de cette municipalité sont toujours lents et les derniers à se soumettre aux instructions du département.

« L’écriture est généralement soignée ; la grammaire, l’arithmétique, le calcul mental ont continué de progresser, et même sont cultivés avec plus de soin que les années dernières. Le dessin est aussi enseigné et appris par le plus grand nombre des élèves, dans presque toutes les écoles.

« J’ai été obligé de laisser diriger, pendant le dernier semestre, plusieurs écoles par des institutrices non diplômées, en remplacement d’institutrices qui ont quitté l’enseignement pour cause de mauvaise santé, ou parcequ’elles se sont mariées. Comme les commissaires se trouvaient dans l’impossibilité d’en trouver d’autres dans le comté, j’ai cru devoir en agir ainsi plutôt que de laisser fermer les écoles. Les institutrices non brevetées qui ont dirigé des écoles sont capables, et elles ont bien réussi dans l’enseignement.

« Ces institutrices non diplômées sont assez instruites pour obtenir un brevet ; mais elles sont obligées, pour cela, d’attendre qu’elles aient atteint l’âge de dix-huit ans ; il en résulte un inconvénient bien grave. Pour y obvier, je sollicite auprès du département comme une faveur spéciale pour mon district d’inspection, vu la position exceptionnelle où il se trouve placé et le manque d’institutrices y résident, que le bureau des examinateurs puisse accorder des brevets élémentaires aux personnes de dix-sept ans qui seraient capables. D’un autre côté, je crois qu’il serait à désirer que les connaissances exigées pour les institutrices fussent étendues, surtout pour l’arithmétique et la grammaire. Les candidats, pour obtenir un brevet élémentaire, subiraient un examen sur l’arithmétique jusqu’aux