Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/103

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rèrent sans qu’aucun des secours de la religion vînt consoler ni sanctifier leurs derniers instants. Elles s’en allèrent de ce monde, avec l’espérance sans doute, mais sans rien qui la confirmât, sans cette bénédiction suprême du prêtre qui conduit jusqu’au seuil de l’éternité.

Ce fut alors qu’un grand vide et un grand besoin se firent sentir parmi ce petit groupe d’abandonnés qui avaient vécu jusqu’alors, sans trop se soucier peut-être de ce besoin et sans songer aux douloureuses manières dont il pourrait se faire sentir. Les mourants avaient supplié Dieu de leur envoyer un prêtre à leur dernière heure, et ce vœu allait être exaucé, du moins pour ceux qui les suivraient plus tard dans la tombe.

III

À cette époque, pour aller de la baie Ha ! Ha ! à la Malbaie il fallait d’abord se rendre à l’Anse Saint-Jean, sur la glace du Saguenay ; là, on prenait un sentier de pied ou de raquette qui conduisait à la Malbaie. Ce sentier est ce qu’on appelle aujourd’hui le chemin des Marais. Par ce chemin, on pouvait avoir à faire de huit à neuf lieues pour atteindre la hauteur des terres qui borde le Saint-Laurent, à douze milles environ de sa rive, dans les profondeurs de la Malbaie. Dans cette étendue de pays il y a beaucoup de montagnes sans doute, mais bien moins qu’on ne serait porté à le croire. En partant de la hau-