Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chemin soit tenu en bon ordre : et, pour se rembourser des frais qu’il lui en coûte, il a fait placer, à l’extrémité ouest du lac Kenogami, une barrière qu’on ne peut franchir qu’en payant un droit de dix centins.

Le chemin Kenogami, seule route qui conduisît du bassin du lac Saint-Jean aux ports du Saguenay, avant la construction du chemin de fer, n’était pas encore complètement fini en 1880, quoiqu’il eût été commencé vingt ans auparavant. Il y avait des terrassements de plusieurs arpents de longueur à faire dans les endroits où la crue des eaux recouvrait la terre chaque printemps et s’élevait jusqu’à sept ou huit pieds de hauteur, ce qui rendait le chemin impraticable pendant plusieurs semaines et interceptait toute communication, au grand détriment des habitants du pays.

Le chemin avait été fait graduellement, au fur et à mesure de la marche de la colonisation. En 1880, il ne dépassait guère le canton Ouiatchouane. Les gens qui l’habitaient n’avaient d’autre débouché qu’un sentier à travers le bois. Ils voyageaient en canot d’écorce, par la rivière Ouiatchouane et le Lac. Malgré ces difficultés de communication, les défrichements y étaient fort avancés à cette époque, quoiqu’ils eussent à peine quatre années d’existence. On semblait pressentir que la colonisation y marcherait rapidement, et, en effet, la paroisse de Saint-Prime, qui date de 1868, comptait déjà plus de six cents habitants, et Saint-Félicien, dont l’établissement remonte