Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/227

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Si l’on veut se faire une idée des commencements d’une mission au Lac Saint-Jean, même dans des temps très-rapprochés du nôtre, qu’on lise ce qu’écrivait, à la date du 9 novembre, 1860, M. Auguste Bernier, premier missionnaire résidant de Ouiatchouane : « Je me suis rendu à ma destination dimanche matin, après avoir eu de la misère sur les lacs. Une partie de mes effets a été perdue dans les transports et l’autre partie considérablement endommagée. Le vent nous avait forcés de camper la veille à la belle étoile, à une lieue de la mission. Une des bâtisses seulement avait des châssis : la chapelle temporaire, trop petite pour la population, ne renfermait pas même un autel. J’ai fait un appel aux gens après la messe, et ils ont assez bien répondu à mon invitation. Plus de 90 journées ont été données : on a rassemblé du bois pour les planchers, emprunté des vitres, posé les châssis : enfin, après trois semaines de travaux, j’ai pu entrer dans le presbytère. Si j’avais pu trouver un logement auprès de la chapelle temporaire, j’aurais mieux aimé le louer : mais il aurait fallu me placer à une demi-lieue, sans chemin pour m’y rendre. J’ai préféré m’établir chez moi cet automne, et, pour cela, je travaille moi-même à calfeter pour empêcher la neige de pénétrer, et pour me mettre un peu à l’abri du froid. J’ai fait inhumer dans des fosses bénites les corps enterrés jusqu’à présent çà et là, dans les champs des particuliers. »

En 1861, la paroisse d’Hébertville renfermait celle de Saint-Jérôme qui en a été séparée, il y a une vingtaine