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Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/279

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sur la rivière comme pour lui verser la fraîcheur de leur ombrage. Quelques log houses, dernières habitations du Lac, se montreront aussi à demi ensevelies dans les bois le long de la rivière Ticouapee, au milieu des souches encore fumantes et des innombrables racines d’arbres, à peine déchaussées, qui s’entrelacent sous les pas.


II


La Mistassini, d’un mot composé indien qui veut dire « grosse roche », a un cours de plusieurs centaines de milles de longueur. Elle est navigable, jusqu’à six lieues de son embouchure, pour des embarcations, bateaux à vapeur ou autres, qui ne tirent pas plus de trois à quatre pieds d’eau, car il coule, tout près de la rive, un chenal qui a bien, en certains endroits, près de douze pieds de profondeur : jusqu’à présent on a remonté la rivière en canot sur une longueur d’environ cent vingt milles, malgré quelques rapides et quelques petites chutes, au bout desquels commencent les portages. C’est le chemin par lequel descendaient autrefois les Mistassins, peuple qui habitait autour du grand lac Mistassini, le lac des Baies. Ils venaient faire la traite des pelleteries à la Pointe-Bleue, dernier poste situé dans la partie septentrionale du Canada. Ils descendaient ordinairement vers le mois de juin pour faire leur trafic et pour rencontrer le missionnaire ; on pouvait voir, il n’y a pas longtemps encore, un poste que la compagnie de la Baie d’Hudson avait à l’embouchure de la Mistassini ; les crues du printemps l’ont miné et il est tombé en ruines.