Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/320

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Lac. Les rochers entre la rivière au Cochon et la rivière à la Pipe ont retenu le sable et l’alluvion de l’ancien dépôt, et les ont empêchés d’être mangés par le Lac ; au contraire, l’alluvion de la Chamouchouane et de la Mistassini est librement chassée dans le Lac, parce qu’elle ne rencontre pas de rochers qui fassent obstacle à son cours.


IV


La crevasse qui s’est ouverte tout à coup dans les montagnes, en donnant naissance à la rivière Saguenay, n’a pas été, on le pense bien, un coup de ciseau délicat. Œuvre de violence, elle renferme tous les désordres ; elle est pleine d’abimes inattendus, de chocs, de résistances et de spasmes produits dans les entrailles de ce sol brusquement assaillies ; sa profondeur varie infiniment, suivant une foule de circonstances locales ou fugitives, et sa marche a été des plus irrégulières. Cependant, on peut constater et marquer jusqu’à un certain point des degrés dans la violence du cataclysme ; son intensité n’a pas été toujours égale, elle a même diminué assez graduellement, si l’on veut bien ne tenir compte que de l’ensemble de sa marche, et non de quelques écarts profonds qui la troublent et qui dérouteraient toutes les hypothèses. Ainsi l’on peut dire en thèse générale que la crevasse n’a pas cessé de diminuer de profondeur et d’ampleur, depuis l’embouchure du Saguenay, son point de départ, jusqu’au lac Saint-Jean où elle est « arrivée » pour ainsi dire épuisée, à bout