Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/440

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’un cours d’eau qui, en un si court trajet, fait une descente de trois cents pieds, terminée par une culbute de deux cents, et qui doit être las sans doute aujourd’hui d’exécuter une pareille cabriole, uniquement pour porter les eaux d’un lac à une rivière et pour émerveiller quelques rares voyageurs !

* * *

À partir de la Rivière-aux-Rats la nature du Saint-Maurice a repris son aspect dur et sévère, adouci ça et là par la présence de quelques prairies et de quelques fermes, mais n’offrant en général au regard qu’une lisière étroite de terrain, au pied des montagnes, et quelques pauvres habitations. Mais dès qu’on arrive en vue de La Tuque, qui n’est plus qu’à trois ou quatre milles de distance, la scène devient toute différente. La vallée de la rivière qui s’est élargie, qui a remplacé par des pentes douces, couvertes de vigoureuses forêts, les falaises et les bords hérissés qui accompagnent le Saint-Maurice, dans presque tout son cours, apparaît traversée tout à coup par une haute chaîne de montagnes qui semble fermer toute issue vers le nord. Au dessus de cette gigantesque barrière, se détachant de l’ensemble des crêtes sourcilleuses et les dominant de toute la hauteur de son torse, s’élève un haut promontoire auquel sa forme arrondie a donné un nom célèbre… nous avons devant nous la fameuse