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Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/6

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là où le coureur de bois avait voulu seulement prendre haleine, — ceux-là, disons-nous, connaissaient le Saguenay et le territoire du Lac Saint-Jean, il y a un siècle et demi, mieux qu’on ne le connaissait à l’époque où l’attention publique y fut attirée pour la première fois depuis la conquête, c’est-à-dire en 1828.

Ils allaient dans les lointaines solitudes du nord, pleines de mystère et de redoutables légendes ; ils rencontraient les Indiens errant dans ces solitudes glacées, se mêlaient à eux, parcouraient avec eux l’éblouissant linceul de neige étendu jusqu’au pôle, leur achetaient des fourrures et leur donnaient en échange du tabac, ce poison si cher aux Peaux-Rouges et qui mettait tant de temps à les tuer.

N’oublions pas non plus les missionnaires, ces soldats-apôtres qui cherchaient partout les plus obscures retraites pour y prodiguer leur vie. N’oublions pas que leurs labeurs incessants, leurs missions prodigieuses, racontées par eux avec une humilité aussi grande que leur dévouement, forment l’histoire la plus complète d’une époque où le courage, la patience, l’esprit de sacrifice furent portés au-delà des forces humaines et introduisirent comme un miracle, tous les jours renouvelé, dans l’existence si précaire de notre pauvre colonie.

Les Pères Jésuites avaient des missions établies sur le cours du Saguenay et sur les rives du lac Saint-Jean alors même que la capitale de la Nouvelle-France sortait