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Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/94

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cause de ses courants impétueux, de ses abîmes sans fond, des ouragans destructeurs qui s’abattaient sur elle, de ses écueils et de ses rochers formidables, de ses remous où s’abîmaient tous les bâtiments qui s’y laissaient surprendre… enfin, l’imagination populaire, qui ne s’exerce jamais autant que dans l’invention des périls mystérieux, avait fait de la région saguenayenne, non seulement une région inhabitable, mais encore à peu près inaccessible[1].

On appelait la rivière Saguenay le « fleuve de la mort », et tout y semblait mort en effet. « Les bêtes de la forêt ne s’aventurent pas sur le versant du gouffre, les oiseaux n’osent même y voler, et jamais on n’y voit tournoyer les volées de moustiques. »[2]

Cependant, il y avait là, comme on l’a déjà vu, des postes tels que ceux de Tadoussac, de Chicoutimi, du lac Saint-Jean, de Nekoubau, de Chamouchouane, (lac) de

  1. Le grand chef Donnacona fait à Jacques Cartier la peinture des êtres qui peuplent le Saguenay et la côte nord du Saint-Laurent :

    Rapporté par le Père Charlevoix — « Donnacona avait vu des hommes qui ne mangeaient point et n’avaient aucune issue pour les excréments, mais ils buvaient et urinaient. Dans une autre région, il y a des hommes qui n’ont qu’une jambe, qu’une cuisse et un pied fort grand, deux mains au même bras, la taille extrêmement carrée, la poitrine et la tête plates et une très petite bouche. Plus loin il y avait des pigmées et une mer dont l’eau est douce (le grand lac Mistassimi sans doute). Enfin il y avait des hommes habillés, demeurant dans des villes, possédant de l’or, des rubis, etc. » Charlevoix. Histoire de la N. F. 1er vol. pages 16-17.

  2. Élisée Reclus. — Nouvelle Géographie Universelle.