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Le chemin de fer

cruellement sentis. Naguère on ne faisait pas moins de six cent mille billots de pin, par année, dans le territoire du Saint-Maurice ; entre les années 1880 et 1892, on en avait fait à peine cent cinquante mille, presque tous d’épinette. La raison de cette décadence était en partie dans le prix excessif du transport des provisions à La Tuque, par terre ou sur des chalands, en partie dans les frais qu’entraînait la descente des billots, depuis ce dernier endroit jusqu’à Trois-Rivières, dépenses qui diminuaient énormément les profits des commerçants de bois.

Si l’on construisait un embranchement du lac Édouard à La Tuque, non seulement le prix des billots, à leur arrivée à Trois-Rivières, serait considérablement réduit, mais encore cet embranchement nécessiterait à La Tuque même, où se trouve un des plus grands pouvoirs hydrauliques de la province, la construction de scieries et autres établissements propres à développer l’industrie forestière.

De La Tuque aux Grandes Piles le Saint-Maurice est navigable sur un parcours d’environ soixante-dix milles, pour des bateaux à vapeur d’un faible tirant d’eau. Tout le long de la rivière on aperçoit, çà et là, bon nombre de petites colonies, qui étaient restées privées de toute communication extérieure, quoiqu’on leur eût, depuis bien des années déjà, fait la promesse d’un service de bateaux régulier.