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Le chemin de fer

jours dans le cerveau des spéculateurs américains. C’est, sous des apparences très modestes, une conception colossale, dont nul ne peut calculer les résultats, parce que l’établissement de la plus vaste portion de notre territoire et l’avenir de toute une nationalité s’y confondent. — C’est le nord, en somme, qui est le fondement et la charpente osseuse de notre superbe province. De ce côté-là, le domaine bas-canadien est illimité ; il ne s’arrête qu’à la zone farouche où toute végétation devient impossible, et, avant d’y parvenir, il faut franchir plusieurs centaines de milles d’une contrée presque déserte encore, mais dont les deux-tiers au moins peuvent donner à l’homme généreusement en récompense de ses efforts.

Nous sommes donc ici en présence d’une entreprise qui a bien plutôt un caractère national qu’un caractère de spéculation privée : cela étant admis, on conviendra que cette entreprise doit s’inspirer de certains principes et être conduite d’après une méthode et suivant des considérations d’intérêt général. — Qu’on porte ses regards sur les origines de chacun des établissements successifs de notre province, on verra que la colonisation, suivant une marche naturelle et logique, a toujours commencé le long des rivières. Dès les premiers temps de notre histoire, elle s’effectue d’abord le long des rives du