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Le chemin de fer

installer leurs scieries à proximité de la ligne, afin de les faire fonctionner toute l’année durant et d’en finir avec les longs, difficiles et coûteux transports sur les traîneaux, l’hiver, en plein cœur des forêts où les hommes des chantiers sont obligés de se frayer des chemins eux-mêmes. Les minéraux et d’autres produits, capital aujourd’hui immobilisé dans les entrailles du sol, en sortiront pour grossir la richesse nationale, et comme la ligne aura son terminus à Québec, il faudra bien qu’elle contribue à hâter la construction d’un pont sur le Saint-Laurent, en face de la ville, si elle veut écouler directement son fret Halifax par le chemin de fer « Intercolonial », ou dans les États de la Nouvelle-Angleterre, par le « Québec Central » et les embranchements qui s’y rattacheront dans un avenir prochain.

Comme l’a fait le « Grand Tronc » pour tout le sud de la province, depuis le fleuve jusqu’à la ligne frontière, le « Grand Nord » fera éclore à la vie un immense territoire encore inculte, il peuplera de villages et de villes une étendue déserte et l’on verra surgir, avec la rapidité de créations américaines, des centres de population et de commerce dont on peut voir déjà se dessiner la vague charpente au Témiscamingue, à Manivaki, au Nominingue, sur la Rouge, sur la Matawin et sur le Saint-Maurice. Mais la considération qui domine toutes les autres, au point de vue du trafic intercolonial, c’est que la ligne du « Parry Sound et Grand Nord » raccourcit énormément