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Outre qu’il est le plus pervers et le plus malfaisant des animaux, il en est aussi le plus intelligent. Ses manières de procéder dénotent des facultés véritables, bien au-dessus de l’instinct. Elles font voir en lui une incroyable sagacité, servie par une sorte d’entraînement, de calcul et de raisonnement qui déconcerte les chasseurs. Il a une prédilection marquée pour tout ce qui est propriété humaine ; non seulement il détruit tous les pièges qu’il découvre, mais encore il pille et dévaste les camps, et emporte au loin les vêtements qu’on y a laissés.

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Le carcajou est suffisamment courageux et possède un profond instinct d’ironie ; il semble n’avoir peur de rien, mais, en revanche, rire de tout. Il est d’une force peu commune, quoique sa taille atteigne à peine celle d’un chien de moyenne grosseur. Il est terriblement armé pour la lutte et pour le carnage ; il a trente-huit dents, dont douze incisives, quatre canines et le reste en molaires. Selon monsieur Henry de Puyjalon, grand chasseur devant Dieu et non moins grand naturaliste devant les hommes, le carcajou perfore les cabanes des castors, détruit leurs digues pour faire assécher leur demeure et s’emparer de leur