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suivant les indices extérieurs ; ils s’établissaient, sans songer aux peines, aux labeurs et aux difficultés de l’avenir, là ou ils avaient fait leur choix, loin de toute communication, de tout secours et souvent aussi sans perspective définie devant eux.

C’est ainsi que, de nos jours encore, l’explorateur, qui pénètre à une certaine distance dans la forêt, se trouve inopinément quelquefois en présence d’un établissement rudimentaire, ce que l’on appelle vulgairement un « désert, » en terme de colon.

Il se demande comment ceux qui y demeurent font pour vivre, pour communiquer avec les autres hommes et pour tirer quelque profit de leurs travaux. Les communications ont lieu surtout, et en quelque sorte uniquement, l’hiver. C’est sur la glace des rivières que les défricheurs portent leurs rares produits à la paroisse voisine ; c’est dans les chantiers des forêts, l’hiver, qu’ils vont travailler pour le compte des marchands de bois, et c’est ainsi que se trouve démontrée cette vérité pourtant bien simple et seulement émise de nos jours que, loin d’être des adversaires naturels, le colon et le marchand de bois travaillent au contraire l’un pour l’autre et s’aident mutuellement. Le colon, étant sur les lieux, facilite au marchand son industrie et sa besogne, tout en diminuant sa dépense et, de son côté, le marchand de bois