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Les côtes continuent et se succèdent avec une véritable émulation. On aperçoit au loin la route, monter, monter toujours et l’on se demande avec terreur si jamais on arrivera à pouvoir gravir ces interminables hauteurs. On y arrive toutefois, mais on croit avoir fait vingt lieues. On interroge la campagne et l’on ne voit nulle part ce qui s’appelle Saint-Marcelin. Enfin, après avoir dépassé une route qui conduit du chemin Taché, où nous sommes, au chemin Neigette, six milles plus bas, route nouvellement ouverte, grâce à la diligence du docteur Fiset et du dernier député local, feu le colonel Martin, premier débouché enfin qui ait été donné au chemin Taché, on aperçoit quelques rares habitations se rapprochant d’une maison ordinaire, surmonté d’un semblant de clocher. C’est là Saint-Marcelin, avec sa petite chapelle où les pauvres gens de l’endroit se rassemblent bien rarement, parce que le curé de la paroisse voisine n’y vient qu’à des intervalles éloignés, et même n’y est pas venu du tout dans l’été de 1890.

Malgré la pauvreté de l’endroit, les habitants ne semblent pas encore trop mécontents de leur sort. Ils travaillent dans les chantiers, font leurs étoffes chez eux, tiennent leurs maisons propres et ne vous montrent, quand vous les visitez, que des visages épanouis et florissants. Les enfants ont