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nos jours. Des lacs ! Il y en a partout, à profusion, sur toute la surface de l’Amérique Septentrionale, et même particulièrement dans notre province. Lorsque à la suite de la période glaciaire, qui couvrit la plus grande partie du globe et qui dura des centaines de siècles, d’après les géologues, le continent Nord Américain émergea petit à petit de son linceul de glace, il se montra avec de terribles blessures, les côtes enfoncées, le dos troué en maints endroits, son épaisse croûte entamée et lacérée dans les parties les plus vulnérables. C’est dans ces blessures, restées béantes, que la glace s’arrêta, s’engouffra, se fondit et forma les lacs que nous trouvons aujourd’hui presque à chaque pas, et vers lesquels se dirigent en si grand nombre des pêcheurs avides de sport, sans se douter que dix mille siècles les contemplent.

D’autre part, la masse de glace, surprise par la débâcle et s’effondrant sous son propre poids, dût nécessairement se chercher un débouché et s’efforcer de gagner la haute mer. De là ces rivières et ces cours d’eau qui, après des siècles de labeurs, de tentatives, d’essais répétés pour se frayer un chemin, découpèrent et creusèrent le sol dans les endroits les plus faciles, repoussant de chaque côté d’eux d’énormes masses de terre, de détritus de substances organiques accumulées, qui ont formé les collines et les apparentes montagnes que l’on découvre aujourd’hui. Ce sol est donc en général