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Page:Buies - Les comtés de Rimouski, de Matane et de Témiscouata, 1890.djvu/76

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former de véritables petits champs, où quelques hommes isolés, vivant de pêche et d’un peu de travail agricole, ont déjà fait mûrir des moissons. Un beau chemin contourne le rivage aux innombrables détours, dont chacun d’eux offre subitement un spectacle nouveau : tantôt ce sont des îlots qui émergent brusquement du sein d’une petite baie jusque là cachée par les reliefs du terrain ; tantôt ce sont des caps énormes qui apparaissent comme rejetés violemment du sein de la terre et que le regard n’avait pas encore aperçus. Ces caps, entre autres le cap à l’Orignal, célèbre parmi les navigateurs, se voient de très loin sur le fleuve ; ils prennent la forme d’une ligne demi circulaire de mornes, toutes plus hérissées les unes que les autres, mais, sur terre ; on ne les aperçoit que lorsqu’on est pour ainsi dire sur le point d’en être écrasé. Dans les entrailles mêmes de cette bordure formidable de montagnes qui semble, de loin, n’avoir aucune interruption ni aucune variété d’aspect, la nature a creusé la baie la plus admirable, la plus parfaite et la plus attrayante, dans son pittoresque sauvage et grandiose, que l’œil puisse contempler. C’est la baie des Ha ! Ha ! qui a tiré son nom sans doute du cri d’admiration poussé par les premiers hommes qui l’entrevirent. Cette baie a près d’un mille de longueur, sur une largeur d’environ un demi mille. Elle est absolu-