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Ici on est entré en plein cœur de la région mamelonnée et onduleuse dont nous venons de parler.

Le pays est si accidenté, tout en bosses et en ravins, qu’on se demande comment l’homme a pu y pénétrer, y faire des chemins et s’y établir. On y voit des maisons, aussi bizarrement situées qu’il est possible de l’imaginer. Parfois il n’y a pas place, sur le même mamelon, pour la maison et ses dépendances ; on aperçoit d’abord l’habitation sur une butte, puis la grange dans un ravin plus bas, en sorte que l’on découvre l’une après l’autre.

Cette région est si accidentée que mon conducteur ne peut s’empêcher de jeter ce cri : « La terre danse ici, monsieur, c’est un quadrille de la nature. » Aussi ne faut-il pas s’étonner si les côtes y succèdent aux côtes ; tout le temps se passe à gravir et à descendre, et cependant ces côtes sont bien peu de chose en comparaison de celles que l’on trouve plus en arrière, entre les paroisses nouvelles de Sainte-Angèle, de Saint-Gabriel et de Saint-Marcelin.

En arrivant au village de Saint-Donat, les collines s’éloignent quelque peu et l’on entre dans une vallée où l’horizon s’élargit et où l’espace redevient libre. Le village en lui-même n’est pas considérable, mais en revanche les terres sont remarquablement fertiles.