Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/11

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dre valeur. Ces sortes de grosses louanges, du reste stéréotypées, tournant invariablement en réclames pour l’imprimeur, peuvent convenir aux sots vaniteux, mais elles sont accablantes, souvent mortelles, pour les talents véritables.

On ne veut pas faire chez nous de travail intellectuel difficile ; on n’y a pas été formé. Or la critique, la vraie, est très-difficile ; elle l’est souvent même plus que l’œuvre sur laquelle elle s’exerce. En effet, la plupart des ouvrages modernes sont de pure imagination ; il n’y a qu’à laisser cours pour en enfanter, pourvu qu’on sache sa langue et qu’on ait observé avec fruit, tandis que la critique exige, outre des études extrêmement variées, un goût pour ainsi dire infaillible, tant de qualités et de talents divers qu’on peut la regarder à bon droit comme le plus redoutable des travaux de l’esprit.


II

La littérature canadienne d’il y a trente ans n’était pas aussi abondante que celle de nos jours ;