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Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/117

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« Au siècle prochain, les savants tenteront peut-être de tracer la complexe généalogie des Highlanders de Fraser à celle des Pictes ou des Lapons… » Tracer une généalogie à…, c’est de l’anglais, to trace to ; mais laissons de côté les anglicismes qui, dans un pareil morceau, semblent véniels. Allons toujours.

« Il n’y aura qu’un rejeton qui fleurira vivace jusqu’à la fin des siècles ; la tribu des charretiers, race démoralisée par ses exactions et sa soif homérique pour les spiritueux. » — Lorsqu’il n’y aura plus que des charretiers dans la Malbaie, on ne se hasardera guère à les appeler romanesques habitants : toutefois, s’ils habitent le flanc des précipices sur précipices ou se logent sur la cime des pics qui se perdent, ça pourra encore passer. En attendant, je me sens le devoir de réclamer en leur nom contre la mauvaise réputation qui leur est faite. Les charretiers de la Malbaie sont tout ce qu’il y a au monde de moins exigeant ; ils vous feront faire trois milles pour trente sous et vous donneront une journée entière pour un dollar cinquante. Il n’y a pas là de quoi démoraliser, même des indigènes. En outre les charretiers de la Malbaie sont remarquablement sobres ; tout le monde peut leur rendre ce témoignage. C’est rare, si l’on veut, tout-à-fait dérogatoire à leur noble profession telle que l’entendent les cochers urbains, mais c’est le cas, et il n’y a rien à dire contre le fait.

Passons au dernier coup de pinceau, et le lecteur sera soulagé.