Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 88 —

lages populeux, tous les signes d’une colonisation active et prospère. »

Ce que l’histoire nous montre dans la province bas-canadienne, elle le fait voir en France même et partout où l’élément celte a été en butte à la conquête. Cet élément renferme en lui une force d’expansion indéfinie en même temps qu’une puissance de cohésion inattaquable. Il résiste à toutes les atteintes, pendant que lui-même perce et s’infiltre au dehors. L’effacement de la race celto-latine a été maintes fois annoncé et l’on attend encore qu’il s’accomplisse. Cette race représente dans le monde une idée indispensable, et elle constitue ainsi une sorte de muraille morale que les invasions et la conquête ne pourront jamais entamer. Toujours, quand il n’a pas été refoulé au dehors, l’envahisseur a été absorbé par ses victoires, dissous au dedans, assimilé par l’élément celte dont la vitalité est prodigieuse. Ce qui lui donne cette vitalité, c’est le génie qui lui est propre ; il fait du sol son point d’appui, et grâce à la langue qui est l’instrument de son génie, à cette langue unique dont la précision et la clarté sont nécessaires aux sciences et aux relations entre tous les peuples, il reste indestructible.

La possession du sol est ce qui assurera l’avenir de la race française en Amérique. Les nations qui se fusionnent ou qui disparaissent sont celles qui n’ont pas de point d’appui ; tandis que les maîtres du sol absorbent tout autour d’eux. Les conquêtes durables,