Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 144 —

notre ville n’ont eu qu’à se féliciter jusqu’aujourd’hui de la manière paisible et digne avec laquelle le dimanche est observé ; l’intérêt même des maîtres d’hôtel est d’empêcher tout abus provenant de la vente des liqueurs au détail, et nous serions fort surpris d’apprendre que tel ou tel cas d’ivresse provient de la boisson servie inconsidérément dans l’un des hôtels respectables de notre ville.



Mais qu’importe ! Supposons que cela fût ; aurait-on remédié au mal en faisant fermer toutes les buvettes ? Non, l’expérience nous montre au contraire que le mal n’est qu’aggravé ; tout le monde se donne la main pour éluder une loi dont chacun sent l’injustice tant que la vente des liqueurs au détail n’est pas absolument prohibée ; les agents de l’autorité eux-mêmes sont souvent obligés de fermer les yeux, quand ils ne vont pas jusqu’à participer au délit, comme cela se voit souvent dans plus d’une ville, et c’est ainsi qu’une loi, faite au nom de la morale et de l’ordre, va directement contre son objet, et devient plus immorale que l’absence même de toute loi.

Il est si déraisonnable de défendre aux gens un usage convenable des boissons un jour plutôt que les autres, que personne n’en attribue la prohibition