Aller au contenu

Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 147 —



On n’a jamais raison d’entrer en lutte avec la nature, parce qu’un certain nombre d’hommes abusent de ses dons et tournent en maux ce qu’elle leur offre en bienfaits. Ce qui est un abus se corrige de soi même ; dans tous les cas, les lois ne sont pas faites pour l’exception, et l’on ne peut priver le très-grand nombre d’un usage légitime afin de punir la minorité de ses excès.

Qu’ont produit au reste toutes ces lois aussi barbares que ridicules dans les pays où l’on en a fait l’expérience ? Le contraire de ce qu’on attendait d’elles. Voyez dans le Maine, par exemple, la ville de Lewiston qui, la première, a arboré le drapeau de l’abstinence totale ; les plus récentes statistiques établissent que c’est la ville la plus adonnée à l’ivrognerie de tout le continent américain. Voyez en Angleterre ; il y a trois ans, sur la demande de plusieurs centaines de ministres de l’église établie, l’Archevêque de Cantorbéry a demandé la formation d’une commission pour étudier les remèdes à porter aux progrès de l’intempérance qui, on le sait, fait d’épouvantables ravages dans toutes les classes de la société anglaise. Il a proposé des licences, une surveillance rigoureuse sur les maisons publiques et d’autres moyens également futiles ; mais l’évêque de Peterborough a démontré l’inefficacité de