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politique provinciale ! Sortir de ce grouillement hideux de toutes les mauvaises passions, après trente années de batailles presque incessantes, et en sortir avec un goût des lettres et des arts qui n’a été ni flétri ni diminué, c’est un peu remarquable. Je crains énormément que vous ne me croyiez trop aisément étonné ; eh bien ! non, ce que je vous écris là, je l’écris posément, mûrement, en réfléchissant et en me rendant compte. Nous avons dans notre pays tant de sujets d’être vite dégoûtés des muses, de renoncer à toute culture intellectuelle, et la politique est un éteignoir si puissant, que je me demande comment on peut en faire pendant trente années et se rappeler encore après cela qu’il y a des livres et des gens qui les écrivent !

Pauvres diables de littérateurs québecquois ! Il est tombé sur eux un regard de Spencer Wood, les voilà presqu’en fermentation ! Ce regard, comme le rayon de soleil tardif, va faire éclore peut-être bien des strophes inédites, bien des préfaces à peine ébauchées. Jeunes aspirants au Parnasse, sortez vos dithyrambes, faites pleuvoir les stances, sonnez, odes et cantates, coulez, touchantes idylles ; jamais muse n’eut de plus ravissante retraite que Spencer Wood pour y recevoir ses adorateurs. Oh ! Spencer Wood, quel délicieux séjour, quel adorable petit coin de paradis ! Et dire