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Le Dominion Day reste donc, pour la province de Québec, une fête essentiellement anglaise ; c’est une célébration politique et non pas nationale, et on le voit clairement à chaque pas qu’on fait dans les rues de nos villes ; les banques sont fermées, il est vrai, de même que les bureaux publics dont le caractère est officiel, parce que le Dominion Day est un jour légal ; les magasins anglais sont fermés aussi, mais les magasins canadiens ne le sont pas, si ce n’est par exception. Voici un exemple extrêmement piquant de ce fait ; je l’ai remarqué tout à coup en passant par la grande allée St. Louis où se construisent côte à côte deux grands édifices ; l’un est élevé par un entrepreneur canadien, l’autre par un entrepreneur anglais : au premier, les ouvriers travaillaient absolument comme d’habitude ; au second il y avait silence de tombe, absence complète, pas une figure humaine.

Tout le Dominion Day était là.

On tient notre Province, ou, tout au moins, notre gouvernement local en fort haute estime auprès de certains gouvernements étrangers, comme vous allez le voir.

L’hiver dernier, deux de nos ministres, la session locale étant évanouie, conjurèrent de s’enfuir vers des