Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 63 —

elle la revue de nos places d’eau, que je vais faire autant que possible positive et pratique, pour l’instruction du lecteur qui veut connaître les avantages et les inconvénients de chaque endroit, en même temps que les progrès qui s’y font et les perspectives que lui offre l’avenir.



La Malbaie ressemble autant à un paysage suisse qu’à un paysage canadien ; elle participe de l’un par la majesté, de l’autre par le groupement harmonieux des contrastes. Rien n’est sauvage comme le premier aspect qu’elle présente à droite et à gauche, à l’arrivée du bateau. On ne voit rien d’abord qu’une falaise abrupte, sourcilleuse, dégarnie, couverte d’un épais capuchon de sapins qui se rabat sur elle et s’étend presque jusqu’au fleuve. À droite, la falaise dénudée cache le village de la Pointe-à-Pic, la baie, la rivière qui s’en détache et va se perdre dans l’intérieur, enfin, le village proprement dit de la Malbaie, qui est bâti le long de la rivière. On ne voit rien de tout cela en touchant le quai, et il faut gravir une côte raide, ouverte dans les entrailles de la falaise, avant d’apercevoir seulement les premières maisons de la Pointe-à-Pic où les étrangers ont élu leur domicile exclusif.

C’est sur la partie boisée de la falaise, dominant immédiatement le fleuve, d’où le regard embrasse un