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récits de voyages

secondaire ; ils sont des colis vivants, voilà tout ; il n’y a pas grand bénéfice à tirer d’eux, à cause de la concurrence qui a réduit les passages à des prix fort modestes ; mais ce qui importe, c’est le fret, non pas le fret local, mais celui qu’expédient vers l’Ouest les Provinces Maritimes, l’Angleterre et même jusqu’à un certain point les États-Unis. De là ce débraillé, ce sans-gêne, ce manque d’égards et de convenance qui ont remplacé le « comme il faut » et les façons honnêtes d’autrefois.


III


Il n’existe pas de navigation aussi hasardée, aussi périlleuse, aussi outrageusement téméraire que celle de nos grands lacs. « J’aimerais mieux traverser l’océan vingt fois, disait le capitaine Ira Brown, un vieux loup de mer de l’Érié, que de faire un seul voyage, du fleuve Saint-Laurent à Chicago, par la voie des lacs, dans cette saison-ci de l’année. » Cette voie est en effet beaucoup plus dangereuse que celle de l’Atlantique, comme on le voit par la proportion annuelle des naufrages et des pertes de vie ; on peut même dire qu’il ne s’élève jamais une tem-