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récits de voyages

d’eau, mais où il est impossible de prendre des bains. Nous allons, par exemple, invariablement à la Malbaie, où l’on vit emprisonné, sans pouvoir faire de promenades dans les endroits voisins ; où, de l’aurore au couchant, on ne peut que contempler le même beau spectacle et répéter les phrases de la veille ; où l’on vit dans un désœuvrement lamentable, n’ayant autre chose à faire qu’à s’abreuver de cocktails et à prêter l’oreille aux cancans qui se débitent sur celui-ci ou sur celle-là ; d’où enfin on ne repart pour revenir à la ville, le plus souvent qu’avec une santé compromise et des habitudes funestes. De voyager pour étudier, pour apprendre, pour connaître notre pays, qu’il s’appelle Bas-Canada, Haut-Canada ou Manitoba, nous n’avons nul souci ; aussi, nous ne savons que répondre aux étrangers qui nous questionnent. Toutes les provinces du Dominion, à part la nôtre, nous sont comme autant de pays étrangers qui semblent placés dans un autre hémisphère, et pourtant, à ne parler qu’au point de vue de l’agrément seul, je ne connais pas de voyage préférable à celui du haut Saint-Laurent et des lacs, depuis Brockville jusqu’au sault Sainte-Marie, pour ceux qui craignent d’affronter les vagues traîtresses du