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LES JEUNES BARBARES

finesse d’exécution et un si éblouissant décor de détails que l’esprit du lecteur, entraîné par des émotions réelles et fasciné par le talent de l’artiste, éprouve des jouissances aussi fortes et aussi profondes que s’il était en présence d’une grande œuvre noblement exécutée !



Pour faire d’un événement banal un tableau qui attire et charme les regards, il faut avoir doublement du talent ; il faut avant tout que ce talent soit servi par un esprit judicieux et exercé dans le choix des couleurs fugitives qui conviennent à cet objet. Il faut être sûr de son pinceau, savoir sa langue si bien qu’on en soit le maître absolu et qu’on la manie à sa fantaisie, sans jamais tomber dans l’excentricité ou dans l’enflure ou dans le baroque.

De quel droit alors, vous qui ne savez même pas l’a. b. c. de la grammaire, imposez-vous au public le spectacle de vos infirmités ? L’auteur de « Comme dans la vie », ou le monsieur qui demande qu’on lui élève des statues, ne peut exciter d’autre intérêt que celui que présente un cas psychologique très curieux ; il ne peut arrêter et fixer notre attention qu’en qualité de phénomène ou d’extravagance de la nature. À ce titre, il est bien en dehors des déséquilibrés ordinaires, lesquels n’ont que des lésions, des troubles cérébraux, de simples écarts de la machine encéphalique.