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M. Bignell qui a découvert, il y a deux ans, le lac Mistassini, juste deux cents ans après que le Père Albanel l’eût parcouru dans tous les sens. C’est en faisant la chasse au caribou que M. Talbot a tué une loutre magnifique, des visons, des lièvres, et jusqu’à des perdrix, image réduite des fauves, ce qui n’empêche pas que trois caribous n’aient été aussi atteints par son plomb homicide et dévorés avec une louable émulation par ses nombreux amis. Pour vingt-cinq dollars payés annuellement au trésor public, M. Talbot a le droit de parcourir en véritable seigneur de l’époque féodale ses poissonneux domaines.

Si nous traversons maintenant sur la rive gauche de la ligne, de l’autre côté de la Batiscan, treize milles plus haut que la rivière à Pierre, nous entrons sur le majestueux domaine du « Club des Laurentides » qui a une superficie de cinquante milles, arrosés par on ne sait combien de lacs, dont vingt, jusqu’à présent, ont été découverts. Vous descendez à la station du Cap, qui est celle du club, vous traversez la Bastican dans un bac à traction et vous vous rendez par un chemin de charroyage au lac Travers, qui est le premier lac sur votre route, et où le club a fait construire une maison pour le gardien de ses états et sa famille. C’est par là que passait autrefois ce chemin célèbre, connu seulement des chasseurs et des missionnaires, qui menait de Québec au Lac St-Jean ; on suivait les lacs les uns après les autres, en faisant des portages entre chacun d’eux, jusqu’à ce qu’on fût arrivé à l’embouchure de la Métabetchouan où les Jésuites avaient établi une ferme magnifique, et où la