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Mesdames et Messieurs


Si c’est un effort trop grand pour la faiblesse ou pour la sagesse humaine que de se connaître soi-même, il n’en est plus ainsi lorsqu’il s’agit de se faire connaître des autres. Or, nous avons le double désavantage de nous connaître fort peu nous-mêmes et d’être encore moins connus des autres peuples ; c’est à peine si, depuis quelques années seulement, on fait du Canada français de temps à autre quelque mention passagère, quand des circonstances exceptionnelles attirent forcément le regard et l’attention de l’étranger. Quant à nous, nous négligeons notre propre pays d’une façon absolument déplorable ; l’étude géographique surtout en est à peu près nulle, et, cependant, cette étude, à notre époque d’expansion rapide et de relations multipliées, est indispensable même au plus humble des lecteurs. Hélas ! messieurs, ce qui est pis encore, c’est qu’il y a parmi nous des écrivains canadiens de talent qui dédaignent de s’occuper du seul pays auquel ils tiennent par tous les liens de la naissance, de l’éducation, des affections premières, de la raison, du sentiment et de l’intérêt. Ces écrivains, quand ils s’adressent à notre public, ne l’entretiennent que de sujets qui lui sont relativement fort in-