Page:Buies - Sur le parcours du chemin de fer du Lac St-Jean, première conférence, 1886.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 16 —

matière de ce genre, et si je ne craignais d’attirer des larmes sur le sort de capitalistes, chose qui ne s’est jamais vue ! Et cependant ce pays était à nos portes ! il était là, tout près, derrière nous, nous tendant des bras innocents, des campagnes immaculées, des lacs pleins de truites, des bois de corde qui entreraient aisément dans la maison du pauvre, des sites enchanteurs pour les touristes, des rivières au parcours infiniment pittoresque, des forêts regorgeant de gibier, des resorts nouveaux pour la belle saison, un climat bien moins exposé que celui de Québec à la violence des éléments, et enfin des maringouins et des brûlots à profusion ! Et pour faire valoir une des plus grandes forces d’avenir de Québec, une force qui est là sous la main, manifeste, saisissante, il a fallu combattre avant tout, quoi ! nos propres préjugés, des préjugés qu’une ignorance absolue de ce pays rendait intraitables, et dont le plus redoutable consistait à croire que la chaîne des Laurentides était absolument inaccessible. Tout récemment encore, j’ai entendu l’un des hommes les mieux renseignés de la province me formuler cette croyance comme une vérité indiscutable, et cela en présence du fait même que le chemin de fer du Lac St-Jean avait déjà traversé ces Laurentides et en était arrivé presqu’à la moitié de son parcours. Quoi ! la chaîne des Laurentides inaccessible à une voie ferrée ! Mais qu’est-ce donc que cette chaîne comparée à la Sierra Nevada que traverse l’Union Pacific, ou aux Montagnes Rocheuses que traverse le Pacifique Canadien, ou même aux chaînons pourtant peu élevés, comparativement à tant d’autres, des cantons de L’Est,